SOC-MISC : première étude sur les inégalités sociales en matière de fausses couches et de leurs conséquences

Une femme sur quatre fera l’expérience d’une fausse couche au cours de sa vie. La perte d’une grossesse peut affecter les choix procréatifs et la fertilité, et avoir de potentielles conséquences néfastes sur la santé physique et mentale. Bien que ce soit une expérience courante, nous savons peu de choses sur la façon dont les inégalités sociales influent sur le risque de fausse couche, sur la façon dont les fausses couches peuvent exacerber les inégalités sociales existantes en matière de santé de la population ou sur la façon dont le contexte façonne ces expériences.

Cela s’explique notamment par la mauvaise qualité des données, les fausses couches étant souvent sous-déclarées dans les enquêtes ou ne figurent dans les registres de santé que si elles nécessitent des soins hospitaliers. De plus, à ce jour, la santé sexuelle et reproductive reste souvent un point aveugle de l’épidémiologie des parcours de vie.

Dans son ensemble, le projet permettra de mieux comprendre une expérience reproductive commune qui peut affecter le bien-être mental et physique, et pourra aider les décideurs à améliorer la santé reproductive et la santé de la population.

Exploration des dynamiques sociales des fausses couches : une analyse des données administratives et des enquêtes quantitatives

 

Ce projet de recherche constitue la première étude sur les inégalités sociales en matière de fausse couche et de ses conséquences, en évaluant les schémas de déclaration des fausses couches dans les enquêtes épidémiologiques. Il contribuera à : 

    1.  Analyser les schémas de sous-déclaration des fausses couches afin d’améliorer la fiabilité et la qualité des données épidémiologiques futures
    2. Montrer comment les inégalités sociales au niveau individuel et familial peuvent affecter le risque de fausse couche au cours de la vie
    3. Établir comment les conséquences d’une fausse couche sur la santé mentale et physique dépendent du milieu social et peuvent aggraver les inégalités sociales en matière de santé et d’accès aux soins
    4. Mieux comprendre le rôle des contextes nationaux et locaux concernant les inégalités sociales en matière de fausse couche.

Contrairement à de nombreuses études antérieures basées sur des échantillons restreints et obsolètes, cette étude utilise des registres de population longitudinaux et de grandes enquêtes représentatives en Finlande, en France et au Royaume-Uni, qui sont exceptionnellement riches en données sur les fausses couches, les données socio-économiques, et d’autres données relatives à la reproduction et à la santé. Toutes ces données seront triangulées afin d’obtenir des résultats plus fiables.

Une étude qualitative complémentaire au projet SOC-MISC intitulée FISO - Fausses couches et Inégalités SOciales : de l’expérience au quantitatif est initiée début 2025 en France et permettra d’éclairer certains points aveugles de l’analyse des données quantitatives.

FISO - Fausses couches et Inégalités SOciales : du quantitatif à l’expérience

En plus de l’analyse des données qualitatives, nous effectuons une étude qualitative dans le projet SOC-MISC, intitulée FISO - Fausses couches et Inégalités SOciales : de l’expérience au quantitatif. Elle est initiée au début de l’année 2025 et permet d’éclairer certains points aveugles de l’analyse des données quantitatives, grâce à des entretiens menés en France auprès d’une cinquantaine de personnes ayant fait l’expérience récente d’une fausse couche (< 5 ans). Cette étude nous permettra de documenter la diversité des situations et des vécus de la fausse couche.

 

Cette étude vise quatre objectifs principaux : 

  1. Comprendre la définition de la fausse couche en analysant les perceptions individuelles de ce qu’est une fausse couche, selon le terme de la grossesse et le type de grossesse (fausse couche, grossesse extra-utérine, avortement médical, etc.)
  2. Explorer l’influence de l’expérience personnelle, en particulier la façon dont ont été vécues les interactions avec le système de santé et leurs effets sur la santé mentale et sur la volonté de signaler l’événement dans une enquête
  3. Identifier les effets de la stigmatisation des fausses couches, pouvant affecter la volonté de signaler l’événement dans une enquête ou de consulter un professionnel de santé
  4. Analyser l’influence du contexte (socio-culturel, familial, territorial) pour mieux saisir les inégalités associées.

Les entretiens approfondis permettront non seulement de mieux comprendre la sur-déclaration et la sous-déclaration des fausses couches dans les enquêtes épidémiologiques, mais aussi d’éclairer les conséquences des fausses couches sur la santé physique et mentale des personnes concernées, en lien notamment avec l’expérience de leur prise en charge médicale.